
La vie de sportif professionnel est souvent ponctuée par les blessures, inhérentes à une activité physique poussée au plus haut niveau.
L’appréhension du retour à la compétition après une grosse blessure est parfois l’occasion d’envisager un travail en préparation mentale.
La peur du contact avec l’adversaire, en football par exemple, ou de la chute en cyclisme, handicape grandement le retour à un haut niveau de performance du sportif.
L’écart entre un joueur qui revient à la compétition avec tous ses moyens physiques et mentaux ou en appréhendant toutes les situations qui lui rappellent les circonstances de sa blessure passée est très significatif dans le sport professionnel. Il est souvent égal à la distance qui sépare le terrain du banc de touche, voire de la tribune.
J’insiste très souvent auprès des personnes avec lesquelles je travaille sur l’interaction entre : les pensées, les émotions et la performance. Ces 3 entités s’influencent mutuellement.
Si un coureur cycliste sprinteur repense à la chute qu’il a vécue dès que le sprint final approche, une peur insidieuse risque de le gêner dans sa capacité à prendre la bonne décision au bon moment pour remporter la victoire finale.
Le footballeur qui appréhende le contact après une fracture, ou le simple fait de changer brusquement ses appuis sur un terrain gras après une rupture des ligaments croisés, n’est plus en capacité de bien réaliser sa performance. Elle est paralysée par les pensées et les émotions du sportif.
Le simple fait de pouvoir évoquer ses appréhensions sans risque de se sentir jugé (à tord ou à raison) par le staff, l’entourage, est salutaire pour le sportif.
Après cette première phase, légitime, d’écoute, le travail spécifique en préparation mentale peut commencer. Selon les circonstances, des outils comme l’imagerie mentale, le contrôle du discours interne, la gestion du stress seront utilisés.
Se centrer sur le corps et non sur les peurs
Cette situation, de retour à la compétition après une blessure, est aussi souvent l’occasion de sensibiliser le sportif à la différence entre l’émissivité (ce à quoi il pense) et la réceptivité (ce qu’il ressent). Souvent, le sportif qui revient de blessure se centre principalement sur l'émissivité. Alors que sa blessure a été correctement soignée, il pense son action comme un ancien blessé. Il appréhende toutes les situations qui lui rappellent sa blessure en se disant : « Il ne faut pas que je me blesse. »
Il est souvent utile de proposer au sportif des situations où il doit se centrer uniquement sur ses sensations. Cela peut se faire dans un premier temps en imagerie mentale, puis lors de séances en préparation mentale intégrée (le travail mental est associé à travail un physique et technique, sur le terrain, selon le ressenti du sportif).
En centrant son attention davantage sur son corps que sur ses pensées, le sportif reprend confiance en ses capacités physiques. Il envisage le retour à la compétition plus sereinement.