Pourquoi tsonga devrait faire de la préparation mentale avec moi ? ;)

L'importance des visions du Monde
Dans une interview accordée à Tennis Magazine, Jo-Wilfried Tsonga revient sur ses derniers rendez-vous en Coupe Davis sous la direction d’Arnaud Clément.
Concernant sa titularisation durant la finale de 2014, alors qu’il était blessé, il dit : « J'aurais peut-être dû dire que je ne pouvais pas jouer. Mais est-ce que j'ai le droit de faire ça ? Est-ce qu'on a le droit de s'écarter soi-même de la sélection nationale ? »
Visiblement, un an plus tard, Jo-Wilfried Tsonga n’est toujours pas certain de la réponse. Il aurait pu poser la question à Arnaud Clément. Quoiqu'il en soit, sa conception du « service à la nation » l’a amené à jouer blessé.
Alors que certains pourraient trouver cette décision aberrante, ce comportement est tout à fait assumé par JWT, dans sa vision du monde. Nos croyances, nos représentations nous amènent à prendre des décisions que nous trouvons légitimes. Dans ce cas précis, selon Jo-Wilfried Tsonga, c’est au capitaine de choisir qui joue ou qui ne joue pas. Le joueur ne doit pas dire qu’il est blessé ou qu’il ne se sent pas prêt pour jouer un match. Peut-être que pour lui cela correspondrait à de la lâcheté, là où d’autres y verraient une décision responsable et allant dans le sens du collectif.
" Est-ce qu'on a le droit de s'écarter soi-même de la sélection nationale ?"
Jo-Wilfried TSONGA
Cette sortie médiatique a suscité de nombreuses réactions, notamment celle de Julien Benneteau, rappelant qu’à son époque, et dans la même situation, Arnaud Clément avait choisi de se retirer quelques jours avant la finale de la coupe Davis 2002.
On constate clairement que Tsonga et Clément n’ont sur ce point pas du tout la même vision du monde et qu’ils ont ainsi adopté des comportements diamétralement opposés. L’un prend ses responsabilités seul, l’autre attend que son capitaine les prennent pour lui et veut jouer même s’il se sait diminué.

Le double est-il un sport d'équipe ?
Toujours dans le contexte coupe Davis, Jo-Wilfried Tsonga nous donne un aperçu de sa vision du monde concernant le double. Visiblement pour lui, il ne s’agit pas vraiment d’un sport d’équipe où l’on aide son partenaire, où l’on peut partager des hauts et des bas, s’appuyer sur l’autre quand cela est nécessaire.
Il dit au sujet de son partenaire Nicolas Mahut avec qui il a joué l’été dernier : «À Londres, pour le capitaine - et je dis bien pour le capitaine -, le meilleur joueur de double, c’était Nicolas Mahut. (...) En interne, on m’a reproché de ne pas être allé le chercher (Mahut), de ne pas l’avoir "soulevé". Mais je crois que quand on joue un double aussi crucial, il faut savoir se porter tout seul.»
Dans sa représentation, lorsque l’on joue a un tel niveau, on doit se débrouiller seul, y compris en double. On pourrait sans doute résumer sa vision de la façon suivante : Si l’autre n’est pas
bon ce jour là, « en dedans », c’est à lui seul de s’en sortir. Même si nous avons un projet tactique commun, même si nous voulons atteindre un niveau de performance commun, suffisamment élevé
pour gagner, je le laisse se débrouiller seul avec ses états d’âme du jour.
Là aussi, un travail un préparateur mental pourrait permettre à Jo-Wilfried Tsonga d’envisager d’autres analyses de cette même situation. Peut-être même qu’une interprétation différente de telle ou telle situation, modifierait son comportement et aurait un impact positif sur la performance, allez savoir !

Si par exemple, lors du double du mois de juillet, JWT avait eu envers Nicolas Mahut l'empathie que l’on voit entre Edouard Rowlandson et Youssef Krou, joueurs de l’équipe de France de beach-volley, dans le reportage d’intérieur sport, peut-être que le dénouement de sa partie avec l’angevin aurait été différent. On entend par exemple Youssef Krou dire : " Notre paire, elle est complémentaire, on est complètement différents. A chaque fois que l'on peut, on va tirer l'autre." Le documentaire montre comment au fil de la compétition un sportif peut passer par des hauts et des bas, et dans quelle mesure le partenaire peut être un soutien. Vous conviendrez que c'est une autre vision du monde.
Et les attributions causales dans tout ça ?
Quand je travaille avec un sportif, j’aime le faire réfléchir sur les attributions causales de ses succès et de ses échecs. C’est-à-dire voir à quoi il attribue ce qui vient de se passer. Est-ce lié à son travail ? A de la chance ? Au niveau de l’adversaire ?...
Il est certain que pour continuer à se fixer des objectifs et travailler sur sa performance et sur son processus, le sportif doit de préférence avoir des attributions causales internes et maitrisables. Il doit se penser « responsable » de ce qui lui arrive. C’est à cette condition qu’il peut agir sur les évènements, par exemple en se préparant davantage ou en apprenant une technique de relaxation.
Dans les propos de Jo-Wilfried Tsonga, on a le sentiment qu’il n’a aucune responsabilité dans les deux éléments qu’il évoque. C’est son interprétation de la situation et je la trouve regrettable car elle ne l’incite pas à agir, mais plutôt à définir le comportement des autres comme étant problématique.
S'il arrivait à appréhender son influence sur le comportement d'un partenaire ou sur son capitaine de Coupe Davis, alors il reprendrait une part de responsabilité. Ce serait le meilleur moyen, je pense, pour être le leader national que lui confère son niveau tennistique.
En conclusion...
Il est important d’avoir des convictions pour avancer. Il est cependant tout aussi important de prendre conscience de l’influence de nos croyances sur nos comportements, surtout quand ces croyances sont limitantes, pour nous ou notre entourage.
Jo-Wilfried Tsonga, les deux premiers mois de mes forfaits sont toujours « satisfait ou remboursé ».
A très vite ! ;-)
Crédits photos :
http://sport-buzz.fr/jo-wilfried-tsonga-macho-en-conference-de-presse/
http://www.skysports.com/tennis/news/12110/9917151/andy-and-jamie-murray-help-great-britain-beat-france-in-davis-cup-doubles-rubber