Préparation mentale : Et Le corps dans tout ça ?

De temps en temps je vais vous proposer des articles invités.
Aujourd'hui, je vous laisse entre les mains de Raphaël Pouille !
Il fait partie du Réseau M2P
Bonne lecture,

Pour établir une bonne performance ou réussir dans ce que nous entreprenons, il est clairement établi que nous devons avoir un « bon » mental !
La préparation mentale est un outil essentiel pour nous y aider. A travers mes différentes expériences, j’ai constaté que la plupart des personnes qui m’entouraient ou que j’accompagnais ne sont pas ou peu à l’écoute des signaux que leur envoie leur corps ; et que des sportifs, même de haut niveau, utilisent leur corps comme si c’était une machine. C’est pourquoi il me semble essentiel d’apprendre à l’écouter et à renforcer ses capacités adaptatives. Et vous-mêmes, êtes-vous à l’écoute de votre corps ?
Pour clarifier, le corps est défini par les états ou processus corporels.
Pourquoi se connecter à son corps?
Les outils en préparation mentale sont nombreux. Parmi ceux-ci nous avons entre autres: l’activation (qui nous permet d’être sur le bon niveau d’énergie), la gestion du stress, le contrôle attentionnel, le contrôle émotionnel. Pour utiliser de manière efficace ces outils, il convient de savoir à quel moment les utiliser et comment les utiliser. Par exemple, comment savoir si on a besoin de se relaxer ou de s’activer, comment savoir si nous sommes sous une influence trop forte de nos émotions. Le corps nous envoie des signaux de manière permanente, à nous de les déchiffrer.
Les différents signaux à prendre en compte.
La respiration : Tout changement émotionnel, tout stress a des répercussions sur notre respiration (l’inverse est heureusement vrai). Apprendre à bien respirer est la première étape. Cela nous permettra de déceler les dysfonctionnements : par exemple si nous sommes plus ou moins en apnée, si nous sommes exclusivement sur une respiration thoracique, si nous respirons trop…et de nous interroger sur ce qui peut être la cause de ce dérèglement.
Les tensions : nous pouvons aussi observer les tensions (zones à privilégier : mâchoires, nuque, épaules, diaphragme). Des tensions corporelles sont synonymes de tensions au niveau de l’esprit.
De manière plus fine, nous pouvons aussi prendre en compte le rythme cardiaque, des fourmillements, des boules au ventre, les maux de dos, de la fatigue excessive, etc …
Comment apprendre à écouter notre corps?
- L’observation : prendre du temps régulièrement dans la journée : médiation, yoga, Pilate, cohérence cardiaque. Mais aussi tout simplement prendre quelques minutes plusieurs fois par jour pour nous poser, et explorer nos ressentis. Etes-vous capable de vous poser 5 minutes par jour sans rien faire d’autre que de regarder ce qui se passe en vous, sans jugement ?
- Apprendre à stresser son corps : le mettre dans des situations stressantes ou émotionnellement déstabilisantes nous permettra de connaître ces différentes réactions et surtout de mieux nous connaître. Et il apprendra à déstresser plus vite et plus efficacement. Et oui ! Plus le corps va être habitué à sortir de sa zone de confort, à stresser, plus il sera capable de revenir vite à son état d’équilibre (homéostasie). On peut prendre l’image du pendule ou de la balançoire si chère à Raphaël. Il faut bien sûr éviter de dépasser ses capacités adaptatives. Il est pour moi essentiel de se mettre dans des situations de stress aigu, de manière sécurisée et si possible en étant accompagné au tout début. J’utilise et je préconise : le froid, le chaud, le combat(arts martiaux), la suppression d’un sens (la vue ou l’ouïe) et l’apnée. Rien d’extrême bien évidemment, et toujours de manière progressive en fonction des aptitudes et des motivations de chacun.
- Apprendre à « bien » respirer et à moduler sa respiration en fonction des circonstances (effort soutenu, stress intense, repos, concentration…). Quand je pose la question : Est-ce que tu sais bien respirer ? », j’ai très souvent le droit à : « ben, bien sûr que je sais respirer ! » avec le regard qui va avec(« il est débile celui-là... »). C’est normal, la respiration est une fonction du système nerveux autonome, pour laquelle nous n’avons pas à réfléchir ... mais c’est surtout la seule sur laquelle nous avons une possibilité d’action. Calmer votre respiration va calmer votre esprit et à l’inverse, certains protocoles respiratoires vont nous permettre de nous « réveiller » ou de nous activer suffisamment avant une compétition.

Le moment le plus important pour se relaxer est quand vous n'avez pas le temps de le faire. (Anonyme)
Quels sont les bénéfices de cette méthode ?
C’est reconnaître un état de stress, un état émotionnel, mais surtout pouvoir y faire face, notamment en apprenant à le gérer et l’évacuer. Avec de la pratique, ces techniques sont transférables dans la vie de tous les jours. Stresser de manière aiguë va nous permettre à plus ou moins long terme:
- d’apprendre à déstresser, de manière de plus en plus rapide, et à sortir progressivement de notre état de stress chronique,
- de rendre son corps et donc son mental plus adaptable,
- d'être plus performant,
- d'être moins malade.
Le but est d’arriver à l’auto-régulation de ses états internes et par voie de conséquence, à être capable d’utiliser efficacement les outils de préparation mentale.
Pour aller plus loin
- Le relâchement : il faut essayer, à chaque moment de la journée, d’être le plus relâché possible, même dans les moments intenses de compétition. Par relâchement, je parle ici d’absence de tensions excessives ou inappropriées. Apprendre à être relâché dans un bain à 0 degré, dans un sauna, en combat ou en marchant les yeux fermés est très formateur ! Ça vous permettra aussi d’adopter une bonne posture en toutes circonstances.
- La présence : être capable de s’écouter, d’être attentif à ce que nous ressentons nous permet de nous connecter à notre environnement. Notre corps possède des capacités que nous n’utilisons plus ou trop peu et que nous pouvons redécouvrir avec de l’entraînement (le fameux 6ème sens). Être présent vous permettra d’exprimer votre potentiel à 100 %, en vous déconnectant de vos pensées limitantes.
On peut remarquer qu’être relâché et présent sont deux des caractéristiques essentielles pour entrer dans la zone (le fameux « flow » dont nous entendons de plus en plus parler).
Profitez en pour prendre quelques minutes pour vous en vous posant ces questions simples :
- Est-ce que ma respiration est ample, souple et régulière ?
- Est-ce que j’ai des tensions dans mes membres, mon dos, ma nuque, ma mâchoire ?
- Est-ce que suis dans une bonne position, sans tensions mais sans être avachi ?
- Et surtout, le fait de modifier légèrement votre respiration, votre posture va-t-il avoir un effet sur votre état d’esprit ou votre mental ?
La découverte de votre corps, de vos états internes, de votre « maison », vous permettra de partir à la découverte de vous-même : la plus belle des aventures. A vous de jouer !
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