Le 1er invité ou retour sur les 4 P

Le 1er invité ou retour sur les 4 P

Dans mon 1er podcast de septembre du Smoothie, j’ai eu envie de vous proposer un nouveau format en cette rentrée de 2021. J’ai donc voulu interviewer des invités. Mon 1er invité est Yann, un chirurgien vasculaire, mais également, mon ami d’enfance. En tant que préparateur mental, j’accompagne des sportifs, entrepreneurs, managers… à gérer leur stress, à prendre le contrôle de leurs émotions et bien plus. Il me semblait donc très pertinent d’échanger avec un chirurgien vasculaire pour savoir de quelle manière il gérait son quotidien et son activité professionnelle et notamment les forts enjeux qui y sont liés. 

Pourquoi Yann est-il devenu chirurgien ?

Dans l’un de mes podcasts du Smoothie, je vous expliquais pourquoi je fais de la préparation mentale, ce qui m’a amené à faire ce métier. J’ai voulu alors savoir pourquoi Yann est devenu chirurgien vasculaire. C’est ainsi que Yann nous a partagé deux des raisons pour lesquelles il est devenu médecin et spécifiquement, dans le domaine vasculaire. 

 

Tout d’abord, à l’époque où Yann était encore étudiant, il se trouvait sur le Prado à Marseille lorsqu’il vit arriver en trombe le Samu accompagné des pompiers. Il se mit à la place de l’équipe médicale en s’imaginant à quel point cela devait être incroyable de permettre à une personne d’aller mieux. Il imaginait ça grisant et stressant en même temps, mais attirant. 

 

Ensuite, le grand-père de Yann a dû subir une opération vasculaire et Yann se fit alors la réflexion que s’il devenait à son tour chirurgien vasculaire, il projetait de faire mieux que le chirurgien en charge de son grand-père. Son objectif : faire mieux que ça pour les autres qui auraient à subir ce type d’intervention. Bien sûr, avec l’âge, il acquit de l’humilité en se rendant compte que cela n’était pas forcément possible de faire mieux. En tout cas, cela lui permit à l’époque de se spécialiser dans ce domaine-là. 

La définition de la performance selon Yann

Comme vous aurez pu le constater, Yann ressentait le besoin d’être utile tout en étant attiré par l’adrénaline engendrée par ces situations, urgentes ou non. Dans tout ça, on peut également relever que la notion de performance entre en jeu et que cette dernière doit se réaliser ici et maintenant : on doit aider une personne ici et immédiatement. Mais, j’étais curieux de savoir comment Yann définissait la performance de son point de vue de professionnel de la médecine. 

 

Pour Yann, la performance d’un point de vue médical notamment, englobe différents aspects. 

 

  • Pour lui, un chirurgien performant doit être pleinement conscient de ce qu’il fait, et doit toujours vouloir faire de son mieux. 
  • En même temps, il est indispensable qu’il fasse preuve d’humilité en pensant constamment que le résultat ne peut être atteignable que par un travail d’équipe. De plus, cette équipe se doit d’être optimale de par ses connaissances, mais également de par l’entente au sein de l’équipe. Un résultat médical sera le meilleur possible en associant des connaissances médicales bien sûr, mais également des connaissances au sein de l’équipe même. 

L’importance de l’équipe

Dans mes podcasts, il m’est arrivé d’évoquer l’importance du partage et du fait d’être bien entouré. Que vous soyez sportif ou entrepreneur, nous avons déjà souligné ensemble l’importance de l’équipe pour performer. En tant que chirurgien, Yann nous rappelle à son tour que lors d’une opération, il n’est jamais seul. Selon l’importance de l’opération, l’équipe médicale est plus ou moins grande : anesthésiste, interne, infirmière, réanimateur… 

 

L’équipe se compose donc de personnel accompagnant le chirurgien en charge de l’intervention, mais aussi de personnel non présent à ce moment-là tout en étant au courant du dossier du patient. Ces derniers peuvent ainsi être amenés à participer dans certaines situations. Un chirurgien, vasculaire ou non, ne travaille jamais seul, d’où l’importance du partage et de la collaboration dans ce cas de figure là aussi. 

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Le débrief pour améliorer sa performance

Comme nous échangions sur la notion de performance, je ne peux m’empêcher de faire le lien avec mon métier de préparateur mental. Suite aux performances des sportifs ou des entrepreneurs que j’accompagne, nous débriefons ensemble en vue d’améliorer les résultats obtenus. Je me demandais alors s’il en était de même dans un métier comme celui de Yann. 

 

Mon ami chirurgien nous explique que le débrief a lieu surtout si l’intervention s’est mal passée ou si elle ne s’est pas passée exactement comme c’était prévu. En cas de situations graves, par exemple, les médecins sont dans l’obligation d’établir un rapport à la haute autorité de santé. Il en va de même en cas d'événement indésirable afin d’être en capacité de pouvoir améliorer les choses (l’entente entre différents médecins, la prise en charge des urgences, etc). 

 

Si tout s’est passé normalement, il n’y a pas forcément de débrief, sauf pour apporter des éclaircissements aux internes sur la manière de faire. On note donc que le débrief permet ici d’améliorer les choses lorsqu’il est réalisé ; il a donc le même objectif qu’en préparation mentale.

La gestion du stress vue par Yann

Nous avons pu constater qu’en étant chirurgien vasculaire, Yann était confronté à d’importants enjeux qui pouvaient être stressants. Je suis donc curieux de savoir comment il gère cela au quotidien. 

 

Yann nous explique que le stress diminue avec l’expérience. Dans la majorité des cas, le chirurgien expérimenté sait déjà comment se déroulera l’intervention ; les éventuels imprévus deviennent prévisibles, ce qui permet de moins stresser. Bien souvent, les opérations sont programmées à l’avance, ce qui permet de bien connaitre le dossier en amont. De plus, des protocoles stricts ont été établis avec le temps et tout chirurgien se doit de les suivre. En travaillant dans un cadre et en suivant ce protocole, le stress a moins sa place. Enfin, le suivi de webinaires, le partage avec d’autres médecins, la présence aux congrès permet d’échanger connaissances et expériences et d’être rassuré. 

 

La deuxième chose, c’est que le chirurgien doit prendre des décisions pour l’ensemble de l’équipe médicale présente durant l’intervention et se doit de maintenir l’excitation de tous. Voilà l’un des rôles importants du chirurgien. Contenir son stress permet d’atténuer celui de l’équipe et permet ainsi d’assurer une performance optimale. Je tiens à préciser ce que nous explique Yann, car cela peut servir à tout un chacun dans tout domaine : si vous suivez un protocole, une méthode, vous n’innovez pas, vous expérimentez quelque chose qui a déjà su faire ses preuves. Ainsi, vous ne partez pas dans l’inconnu et le stress sera moindre. 

L'entraînement avant la réalisation

Yann mettait l’accent sur le partage de connaissances et d’expériences. Alors, je me suis posé une question, toujours en repensant à mon métier de préparateur mental. Les sportifs ou les entrepreneurs que j’accompagne s'entraînent avant un match, une compétition, une prise de parole en public… Si lors d’un congrès, par exemple, Yann apprenait qu’une méthode peut être efficiente, s'entraîne-t-il avant de la mettre en pratique ? Si oui, comment ? 

 

Yann nous explique donc qu’ils ont des entraînements pendant leurs études, accompagnés d’un sénior les guidant. Les techniques apprises sont bien sûr améliorées dans le temps. Ensuite, si le matériel est de bien meilleure qualité de nos jours, les méthodes de travail quant à elles ne sont pas nouvelles et ont toutes été acquises au cours de leurs études. Mais, si une technique novatrice venait à sortir, les chirurgiens devraient évidemment s'entraîner sur des mannequins.  

La gestion du stress en situation extrême

Yann nous expliquait que le chirurgien devait impérativement gérer son propre stress afin de pouvoir contrôler celui de son équipe médicale. Mais, comment gérer ça dans les situations extrêmes telles qu’en cas de vie ou de mort ou encore d’amputation ?  

 

En effet, Yann nous explique que ce stress fait partie intégrante de l’activité d’un chirurgien. Il est très objectif sur les manières de contrôler ce stress : en cas de situation stressante, nous pouvons nous laisser déborder en criant, en s’énervant… Cependant, si le chirurgien, ou si vous dans un autre domaine, se laisse déborder par ce stress ambiant, cela peut vite empirer les choses. Le chirurgien est le seul à maîtriser l’intervention qu’il doit pratiquer et reste décisionnaire de la situation. En ne gérant pas ce stress, on peut mal s’exprimer, l’équipe accompagnante peut mal interpréter une demande, transmettre le mauvais matériel… et cela engendrerait une faute ou un retard. 

 

S’énerver et se laisser déborder peut donc empirer la situation et n’amènera pas la solution adéquate. Yann nous explique donc qu’en tant qu’acteur dans le domaine médical, il tente du mieux possible de mettre en application le process de sécurité établi au préalable. Il pense au cadre préorganisé et fait de son mieux pour travailler à l’intérieur de ce cadre en suivant le protocole. En travaillant ainsi, cela lui permet de garder son calme et ainsi, de contrôler émotionnellement son équipe. Yann n’a jamais eu le sentiment de perdre la main en agissant ainsi, mais émet la possibilité que tout un chacun peut se faire aider en cas de besoin, notamment grâce à la préparation mentale.

Le conseil de Yann sur la réalisation d’une performance

De mon point de vue, Yann réalise une performance lors des interventions qu’il pratique. Ces performances sont régies par ses connaissances, ses compétences et son expertise. Je souhaitais donc qu’il nous partage ses conseils pour réussir à réaliser une performance, ce qui peut vous servir dans tous les domaines. 

 

Yann nous parle instantanément de la préparation. Quand il s’agit d’une situation connue, on peut s’y préparer. Même s’il s’agit d’une situation imprévue, il existe toujours un petit moment où l’on doit se demander :

 

Que vais-je faire ?

Comment ? Quel est mon objectif ?

Si cela ne fonctionne pas, que peut-on faire ?

N’y a-t-il rien à faire dans le cas d’un échec ? 

 

Il précise qu’un échec est tout à fait envisageable et qu’il faut en être conscient en amont. Il nous parle également d’humilité. S’il est indispensable d’avoir confiance, mais également d’avoir confiance en soi, il ne faut pas que cette confiance en soi soit faible, ce qui deviendrait un handicap, mais il ne faut pas non plus qu’elle soit trop élevée, ce qui pourrait engendrer la prise d’une mauvaise décision. Ceci est valable dans les domaines du sport et de l’entrepreneuriat.

Retour sur les 4 P

J’ai trouvé son discours très intéressant et cela m’a fait penser à mon podcast sur l’hyperformance, où je vous parlais des 4 P : la préparation, le partage, le plaisir et la persévérance. En l’écoutant, on constate bien que dans son activité de chirurgien vasculaire, il utilise cette notion :

 

  • La préparation dont il nous a parlé 
  • Le partage,de connaissances (techniques, mais également au sein de l’équipe) indispensable pour un travail d’équipe
  • Le plaisir et la persévérance, puisque l’on voit bien que Yann est passionné par son métier et que malgré les difficultés éventuelles, il a envie d’y retourner et d’améliorer les choses.

J’étais ravi de l’échange que j’ai eu avec mon ami Yann et je le remercie. Je suis convaincu que son expérience et son témoignage pourront réellement vous apporter quelque chose, même dans un autre domaine que la médecine. Ses conseils sont transposables dans le domaine du sport, de l’entrepreneuriat ou d’un point de vue personnel et vous aideront à mener une réflexion sur le chemin à parcourir pour atteindre vos objectifs. 

Dites-nous en commentaire ce que vous avez pensé de ce nouveau format interview et n’hésitez pas à poser vos questions, à Yann ou à moi-même. 

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