Nicolas Epinoux, l’importance du mental

Nicolas Epinoux, l’importance du mental

Dans ce 29e smoothie, mon invité n’est autre que Nicolas Epinoux, le co-responsable du DU de préparation mentale intégrée enseigné à l’université de Poitiers.  Nicolas est devenu mon ami au fil du temps ; j’avais donc 2 excellentes raisons de l’interviewer dans mon podcast. Si je vous partage l’interview de Nicolas dans ce smoothie, c’est pour vous montrer l’importance du mental pour lui, que ce soit dans le DU qu’il co-gère ou dans sa vie.

Les rencontres qui ont façonné Nicolas

Les plus grandes valeurs qui caractérisent Nicolas lui viennent de ses grand-mères, notamment une en particulier, ancienne institutrice. Cette grand-mère était une dame remplie de bienveillance et tournée vers les autres. Nicolas pense que c’est elle qui lui a transmis ce gout de l’entraide, du contact humain et cette envie de se tourner vers autrui. Avant, les instituteurs n’accompagnaient pas seulement les familles lors de moments de classe, mais lors de moments de vie ; ils connaissaient les familles, les enfants et leurs parents, les maires. C’était une institutrice tel qu’on peut le voir dans le film de Marcel Pagnol et elle transmettait cela sans le vouloir. 

 

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Dans la vie de Nicolas, les personnes, les rencontres qui lui ont permis de devenir qui il est aujourd’hui sont aussi ses parents, même si cela peut vous paraitre très commun. Nicolas a aussi la chance d’avoir un frère jumeau dont les épreuves de la vie les ont rapprochés. Enfin, une pensée se tourne obligatoirement vers son épouse qu’il a rencontrée très jeune et qui lui a offert une stabilité certaine. Nicolas possède des souvenirs agréables de son enfance ; avec un papa éducateur, la maison accueillait sans cesse du monde. Parmi toutes ces rencontres, chaque individu possédait son parcours de vie bien à lui et la richesse qui s’y associait. Il en tire un réel enrichissement dont il se sert chaque jour, aujourd’hui.

Être aligné, le leitmotiv de Nicolas

Dans chaque smoothie où je reçois un invité, j’ai pu constater un réel alignement chez eux. C’est-à-dire que chacun d’entre eux nous raconte des choses, des anecdotes, des expériences, des parcours de vie et l’on peut remarquer que leurs actes sont parfaitement alignés avec leurs propos et pensées. Et c’est encore le cas avec Nicolas qui nous évoque les valeurs qui lui viennent de sa grand-mère : bienveillance, altruisme, respect… et je peux vous assurer que Nicolas est, lui aussi, parfaitement aligné entre ses paroles et ses actes au quotidien. 

 

En effet, il ne nous raconte aucun blabla. Il m’est arrivé plusieurs fois d’aller faire un footing avec lui. Chaque fois que l’on croise une personne, y compris des inconnus, Nicolas les salue. Je me moque parfois, j’ai l’impression que Nicolas est en campagne électorale ! Nicolas nous explique dans le podcast qu’il s’agit en effet d’une sorte de culture, ou plutôt de routine : il pense que tout le monde se doit de respecter tout un chacun. Lui qui travaille aux côtés d’étudiants, il respecte chacun d’entre eux en tant que personne avant toute chose. 

Être aligné pour être équilibré

Si certains d’entre vous ne saisissent encore pas exactement les bienfaits d’un alignement (presque) parfait, Nicolas l’explique très bien. Être aligné lui offre une sorte d’équilibre. Nicolas apprécie vraiment rencontrer des gens, mais qui plus est, des gens alignés, tout comme lui. Il apprécie qu’une personne défende ce qu’elle fait, ce en quoi elle croit, et que les actes de ces personnes correspondent à leurs paroles. On peut parler de tout et notamment de bienveillance, c’est très bien ; mais, si on peut en parler et en faire acte à la fois, c’est l’idéal. Nicolas essaie justement d’adopter cette posture le plus souvent possible : il tient par-dessus tout à être dans l’action et non pas uniquement dans l’incantation.

 

Nicolas, comme tout le monde, rencontre parfois des périodes plus compliquées que d’autres. S’il lui arrive de sortir tard la veille, de boire un peu trop, de mal dormir, il lui faudra nécessairement plus de patience le lendemain. Quand la tâche est trop difficile, que Nicolas n’y parvient pas, il tient à toujours prendre le recul nécessaire pour assumer sa propre responsabilité et ne pas la rejeter sur autrui. Les difficultés lui offrent l’occasion de travailler sa patience et son ouverture ; un travail difficile, mais qui lui permet de continuer à évoluer. J’espère que ce témoignage vous sera utile et vous fera réfléchir en même temps. 

Le mental, un travail de tous les jours

Nous venons de voir qu’il était bien plus bénéfique de mettre en actes ce que l’on peut dire ; si l’on parle de bienveillance, mettons-la en pratique. Nous avons évoqué la notion d’efforts également. Nicolas nous expliquait que lorsqu’il est en forme, ce n’est pas un effort ; mais, comme tout le monde, les jours de fatigue, notre attitude nous requiert certains efforts à faire. Alors, je me demandais si Nicolas connaissait d’autres domaines dans sa vie qui lui demandent de faire des efforts. Sa réponse est positive ; tout le monde doit faire des efforts dans un ou des domaine(s). Nous pouvons en conclure que le mental est un travail quotidien. Et ce n’est pas moi, en tant que préparateur mental, qui vous dirai le contraire. 

Le mental pour gérer la différence de valeur entre les personnes

Le témoignage de Nicolas est très intéressant. Il connaît en effet plein de moments difficiles, notamment lors de réunions professionnelles où certains échangent de manière virulente. Lors de ces mêmes réunions, vous avez déjà dû en croiser vous aussi, il y a toujours ces personnes qui font preuve de mauvaise foi, celles qui vous agressent, qui déforment vos propos, et Nicolas essaie justement de se préparer à ce genre « d’affrontement ». Il travaille également à préparer ses étudiants, car il trouve qu’il s’agit d’une réelle difficulté. C’est donc un domaine qui nécessite des efforts certains.

 

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Nicolas est révolté par les personnes manipulatrices, par leur langage, leur posture, leur tenue. Ces éléments, cités à titre d’exemple, représentent des outils de manipulation et il ne le supporte pas, car certains s’en servent pour rabaisser les autres. Pourtant, ces autres n’ont rien à envier à ces « hommes à costard », comme il les appelle. Avoir une posture imposante, porter un joli costume et mieux parler, il est vrai, ne fait pas d’une personne un homme plus fort. C’est dans ces fameux moments que Nicolas fait l’effort de ne pas trop s’agacer, mais c’est une source de stress pour lui et de ce fait, un projet intéressant à travailler : le décalage entre ses propres valeurs et celles qui sont projetées lors de certaines rencontres. 

 

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Travailler son mental jour après jour

Nicolas nous démontre l’importance de travailler son mental jour après jour. En effet, il nous confie qu’il ne gère pas toujours ce genre de rencontres. Cela a pu avoir un résultat très négatif : idées paralysées, mots moins clairs… Lorsque cela arrive, Nicolas fait le point afin de préparer un plan d’action pour la prochaine fois. Il prend l’exemple du pompier, et c’est rigolo, car nous recevions Sébastien, un pompier professionnel de Paris, dans le 22e smoothie, il y a quelque temps. Nicolas évoque donc le pompier qui part au feu et qui n’avait pas prévu que le feu se passe de cette façon ; pour la prochaine fois, il pourra prévoir ce type de feu et comment mieux le gérer. 

 

Nous l’avions déjà évoqué, mais Nicolas nous le répète : l’expérience aide à mieux gérer les situations avec le temps. Il utilise quelques outils notamment l’humour, l’écoute active, l’art de rebondir sur les agressions d’autrui, l’identification de l’émotion qui domine la personne en face. Tous ces outils sont d’une aide précieuse pour comprendre l’autre et sortir d’une situation tendue afin d’emmener la personne sur un échange constructif. Nicolas pense que ces outils, certainement issus de la préparation mentale, ainsi que ce type de routine d’actions cognitives permettent de se préparer pour passer à l’action d’une meilleure manière.  

La création du DU de préparation mentale intégrée

Le mental prend une place importante dans la vie, notamment professionnelle, de Nicolas. Il est d’ailleurs à l’initiative de la création de ce DU de préparation mentale ; il en est le co-responsable et pourtant, il n’est pas préparateur mental. Je me demandais donc ce que notre rencontre et mes cours ont pu apporter à Nicolas dans sa vie personnelle, professionnelle ou sportive. 

 

Une révélation

Nicolas nous rencontre, Adrien Matter et moi-même, lors d’un DU de préparation physique. Au fil des échanges, il a une révélation. Nicolas vient de STAPS où il a découvert des concepts passionnants, mais il pense qu’il manque quelque chose à cette formation. Et lors de nos échanges, il découvre des outils plus efficaces (pnl, hypnose…) et se rend compte qu’ils permettent aux personnes de manager leur vie et leur relation aux autres. Alors qu’en STAPS, il découvrait la psychologie expérimentale et avait une vision bien limitée de tout ça, il constate que ces outils offrent une réelle liberté de penser et d’être. Chacun peut travailler avec l’outil qui lui correspond le mieux sans subir de recette toute faite. 

 

En effet, en préparation mentale, Nicolas constate que les chemins pour atteindre un objectif peuvent être multiples et variés. Lui qui travaille dans la recherche ne l’envisageait pas forcément, ayant toujours des limites en travaillant dans un cadre bien arrêté. En travaillant ensemble, Nicolas a pu découvrir différentes portes permettant d’affronter la complexité de chaque situation et ainsi ouvrir son esprit en profitant d’outils intéressants. Il a pu tester ces outils pour conclure en leur efficacité et ce qui intéresse le plus Nicolas est la relation entre l’efficacité de ces outils et leur mise en œuvre. Dans tous les cas, il a souhaité créer ce DU pour permettre à ses étudiants d’accéder à ces différents éléments enrichissants. 

 

Offrir la liberté grâce à la préparation mentale 

Dans notre échange, on peut facilement voir que Nicolas est proche des différents concepts évoqués tandis que je suis proche du terrain. Cette complémentarité nous permet d’apporter à la fois une liberté d’être, d’action ainsi qu’une liberté de penser. Si Nicolas a pensé à ce DU, c’est également parce qu’il pense que tous ces champs d’action et de pensée permettent à chacun d’exploiter un certain potentiel, tout en se sentant plus libre, plus soi-même. Ainsi, chaque personne sera à même de pleinement s’accepter et de faire preuve de lâcher-prise. Tout ceci passe par l’effort mental, un véritable travail au quotidien. 

 

Ce travail est issu de rencontres, entre autres. Quand vous croisez quelqu’un, vous rencontrez forcément une lumière, un concept, une phrase, un outil ; Nicolas vous recommande de vous l’approprier pour mieux avancer. Selon lui, cela peut vous aider à gagner en liberté, à être vous-même et à agir plus facilement. C’est bien ce qu’il a fait avec sa grand-mère institutrice, il s’est approprié certaines de ses valeurs pour devenir qui il est aujourd’hui. 

La thèse de Nicolas : coopérer pour transmettre des compétences sociales

Avec tout ça, n’oublions pas d’évoquer la thèse de Nicolas. À la base, Nicolas est professeur d’EPS ; un prof passionné par la motricité et par le corps qu’il considère comme un véhicule. Là encore, il évoque toujours la notion de relation à l’autre, grâce à ce corps qui nous permet d’aller vers l’autre. En renforçant notre corps et en le maitrisant, nous gagnons forcément en liberté également ; la liberté étant une notion important pour Nicolas. Pour lui, le physique et l’esprit vont donc de pair. En tant que professeur d’EPS, il se questionnait sur la possibilité d’aider les élèves sur cet aspect et comment ? 

 

En effet, en travaillant dans un collège, il a pu faire la distinction entre deux catégories d’élèves : 

 

  • D’un côté, les élèves dont les parents leur apprenaient et leur montraient l’exemple sur la prise de parole, sur l’affirmation de soi, etc. Ces élèves-là baignaient dans un terrain social empreint de stimulus et d’exemples à prendre
  • De l’autre côté, il remarquait des élèves plutôt livrés à eux-mêmes. Personne ne leur montrait l’exemple pour s’affirmer auprès des autres, pour prendre la parole, notamment en tant que femme/fille… 

 

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Nicolas s’est alors demandé de quelle manière, en tant que professeur d’EPS, il pouvait offrir des outils de relations sociales aux enfants et ainsi leur permettre d’évoluer. 

 

Nicolas souhaite offrir des outils de compétences sociales aux étudiants

Nicolas nous fait remarquer que ce concept de compétences sociales qui nous permet aussi d’aller vers les autres ou qui nous sert à nous-mêmes (affirmation de soi, etc.) se rapproche de la préparation mentale. En effet, pour atteindre cet objectif, on peut se servir d’outils. C’était d’ailleurs là l’un des questionnements de la thèse de Nicolas. 

 

Alors, comment donner ces outils aux enfants ? Aux étudiants, dans son cas ? Comment les aider à bâtir des ressources qui leur permettent d’aller vers ce capital social ? Nicolas souhaite offrir la possibilité à tout un chacun de s’affirmer, de gagner en liberté, de prendre la parole en public, notamment les femmes, de permettre à tout un chacun de s’assumer pleinement, selon sa propre sensibilité, etc. 

 

La coopération pour la transmission de ces compétences sociales

Au fil de ses questionnements, de ses lectures, de ses rencontres, Nicolas découvre Lucie Dafont qui travaille sur les interactions visant à former et à accompagner. Nicolas se rapproche d’elle et Lucie décide de l’accompagner jusqu’à sa thèse qui traite donc précisément de la manière de coopérer pour construire/acquérir des compétences sociales. 

 

La thèse de Nicolas, une base de recherche pour élaborer des protocoles

Nicolas n’envisage aucunement de devenir préparateur mental malgré la responsabilité du DU qu’il assume, avec brio d’ailleurs. Cependant, il souhaite encore et toujours continuer les recherches qui lui permettront de monter des protocoles à destination des étudiants, des sportifs, des entrepreneurs. 

 

Ces protocoles permettront à cet ensemble de personnes d’aider les autres à construire des compétences sociales. Par exemple, un enseignant pourra apprendre à ses élèves à travailler ça grâce à des outils comme la relaxation, l’apprentissage de l’activation ou au contraire du relâchement, de la prise de parole, etc. Les professeurs pourront également transmettre ces méthodes à leurs étudiants pour les aider dans leur quête de réussite universitaire. 

Les projets de Nicolas

Comme j’ai l’habitude de le faire, avant de terminer cet enregistrement de podcast, je demande à Nicolas comment il envisage la suite. Nicolas m’explique qu’il souhaite continuer ses recherches et pouvoir les développer en s’entourant de professionnels, comme moi, entre autres. J’ai d’ailleurs déjà évoqué dans différents smoothies l’importance de savoir s’entourer, notamment dans l’épisode sur l’hyperformance.

 

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Nicolas souhaite ainsi s’entourer afin de tester d’autres outils de préparation mentale. Au moment où nous enregistrons ce smoothie, il teste l’accompagnement du sportif professionnel par les jeux vidéo ainsi qu’un protocole venant vérifier si ces jeux vidéo permettent d’optimiser les habiletés cognitives et la gestion des émotions chez ces sportifs de haut niveau. Il aimerait ouvrir l’utilisation de tous ces outils en France pour démocratiser certains protocoles de formation en classe et tester davantage d’outils :

 

Utiliser la cohérence cardiaque à l’école primaire, apprendre comment mieux se concentrer, comment focaliser son attention, etc.

 

Nicolas relève qu’à l’époque actuelle, bon nombre d’élèves subissent des troubles de l’attention, d’hyperactivité, etc. Il imagine comment aider ces élèves à éviter un traitement lourd ou des difficultés, notamment suite aux différents confinements, concernant les étudiants. Il pense que la mise en place de protocoles axés sur la respiration, les pauses méditatives, l’aide à la concentration, etc. pourrait les aider. Son idée est donc de monter des protocoles, de les tester, de les vulgariser et de les proposer à ceux qui en éprouvent le besoin. 

 

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Enfin, Nicolas pense peut-être par la suite à s’engager au sein de Mental2Pro qui forme de plus en plus de monde. Lui, tout comme moi d’ailleurs, espérons vraiment qu’une certification enfin reconnue voit le jour. Tous ces projets, toutes ces idées l’animent et le motivent. Pour terminer, je suis vraiment reconnaissant envers Nicolas qui a accepté de venir témoigner dans ce 29e smoothie et pour ce DU de préparation mentale qu’il co-gère d’une main de maître. Grâce à lui, des dizaines d’étudiants ont la chance d’en apprendre plus sur la préparation mentale pour pouvoir évoluer sur le bon chemin. Et vous, que pensez-vous de la préparation mentale ? Dites-le moi en commentaire. 

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