La défaite est un élément qui intervient dans tous les domaines de notre vie. Alors, aujourd’hui, parlons de l’acceptation de la défaite. De plus, nous vivons dans une société où il est important de tout le temps gagner, alors il s’avère de plus en plus difficile d’accepter de perdre, n’est-ce pas ? Pourtant, accepter de perdre, ce n’est ni plus ni moins le fait d’être en capacité d’envisager de perdre lorsque l’on se lance dans une situation à enjeux. Cela ne signifie pas forcément que vous allez perdre. Mais, accepter la défaite, finalement, quel est le réel intérêt ?
Accepter de perdre pour performer
Cela doit certainement vous paraître paradoxal à première vue. Alors, allons-y pas à pas. Voyons pour commencer la définition de la performance. J’ai d’ailleurs évoqué cette définition vue par Timothy Gallwey récemment lors d’une conférence sur la préparation mentale de l’entrepreneur, que j’ai faite pour le réseau d’entrepreneurs « Business Team » de l’Olympique Lyonnais. Timothy Gallwey nous dit :
« Performance = Potentiel – interférences ».
Plusieurs raisons me font apprécier cette définition :
- La performance représente ce que l’on voit de l’autre, soit son comportement. Et son comportement dépend de son potentiel, de ses capacités.
- Parfois, beaucoup d’interférences viennent se mêler à la situation et lorsqu’il s’agit d’une situation à enjeu, que c’est très important à nos yeux, le stress monte. Le stress peut aider certaines personnes à performer, mais il peut aussi nuire à la performance de certains.
La performance vue par l’approche mentale des samouraïs
Personnellement, je ne connaissais pas du tout l’approche mentale des samouraïs. C’est un entrepreneur présent à cette conférence qui est venu me voir à la fin et me l’a expliqué. La définition de Timothy Gallwey que je proposais à ces entrepreneurs lui a fait penser à cela, car cette personne a pratiqué les arts martiaux de nombreuses années.
Les samouraïs savaient qu’ils prenaient le risque de mourir lors de chaque combat. Et, le maître de cet entrepreneur lui a expliqué que lorsque les samouraïs se préparaient à combattre, leur approche mentale consistait à se dire qu’ils étaient déjà morts avant le combat. Ils abordaient le combat en se pensant déjà morts. Cela ne signifiait pas qu’ils cherchaient à mourir, mais ils étaient alors prêts à tout tenter pour gagner. En ayant envisagé la mort avant le combat, ils n’étaient alors plus attachés à cela.
Mon témoignage sur la défaite dans le tennis
Comme je sais que vous appréciez mes témoignages, j’en profite. Suite à l’anecdote de cet entrepreneur, je lui partageais à mon tour une phrase du tennisman Jo-Wilfried Tsonga :
« Pour gagner un match, je dois être prêt à le perdre ; car, quand je suis prêt à le perdre, je joue libéré. »
Si cette phrase m’a marqué, c’est aussi parce que j’ai joué au tennis pendant 15 ans. J’ai même été Champion du Rhône par équipe avec le Tennis Club de la Pape, en toute modestie bien sûr, vous me connaissez. Lorsque je jouais mes matchs de tennis, je voulais tellement gagner que je devenais tétanisé à l’idée de perdre. Et qu’arrivait-il ? Je perdais très souvent mes matchs, évidemment !
En réalité, je voulais tellement gagner, je mettais tellement d’importance sur chaque point, que cela créait une multitude d’interférences qui généraient beaucoup de tension en moi. J’étais alors beaucoup moins bon. Alors que si j’avais accepté cette idée d’éventuelle défaite, que j’avais joué comme si j’étais prêt à perdre chaque match, que je m’étais dit que c’était déjà perdu, tel un samouraï, j’aurais été plus libéré. D’ailleurs, cela arrive souvent : lorsque l’on est convaincu qu’une équipe a déjà perdu, c’est à ce moment-là qu’elle va performer et renverser le score attendu. Vous savez pourquoi ? Parce qu’en étant dos au mur, elle n’a plus rien à perdre ; ou plutôt, elle a tout à gagner.
Se concentrer sur ce que l’on maîtrise ou comment accepter la défaite
Nous sommes bien souvent attachés au résultat, et uniquement à ce résultat. Pourtant, nous l’avons déjà évoqué : le résultat ne dépend pas que de nous. En effet, il dépend du niveau de l’adversaire, parfois d’un arbitre ou encore d’un client acheteur lorsqu’il s’agit d’une relation commerciale. Rappelons-le : il est important de rester centré sur ce que l’on est en mesure de maitriser. C’est en cela que je pense que le fait d’accepter la défaite peut nous aider à performer.
J’ai eu un footballeur de Ligue 1 en coaching récemment. Lors du debrief sur le dernier match, il m’avoue avoir surtout joué pour ne pas être mauvais. Mais aborde-t-on un événement pour ne pas être mauvais ? Que cela soit dans le sport, dans l’entrepreneuriat ou autre. Ne faudrait-il pas plutôt tout donner pour essayer de gagner quitte à être mauvais ?
Réduire l’enjeu pour être plus performant
Ayant échangé avec différentes personnes au sujet de cette approche, je constate que cela soulève beaucoup d’interrogations. Effectivement, la majorité des personnes pensent qu’en jouant avec l’idée de perdre, la personne ne fera pas les efforts nécessaires pour gagner. Alors que mon souhait en tant que préparateur mental consiste seulement à réduire l’enjeu. En se disant que l’on est prêt à perdre, et parce que justement nous sommes prêts à perdre, nous allons pouvoir aborder l’évènement de manière libérée.
Ce n’est pas parce que je souhaite réduire l’enjeu du résultat que je réduis l’intérêt pour ce qu’il va se passer ni même les enjeux au niveau des objectifs de processus et de performance. Ces domaines-là, vous les maîtrisez vous-même, c’est différent. Alors, ça vous choque qu’un préparateur mental voie les choses ainsi ? Avez-vous bien saisi la nuance entre le fait de partir perdant et ne pas faire d’efforts et celui d’accepter d’être l’éventuel perdant pour pouvoir se lâcher et performer ?
Pensez à partager cet article à vos amis, collègues, coéquipiers à qui il arrive de stresser devant des enjeux importants à leurs yeux. Et demandez-leur ce qu’il pourrait se passer s’ils envisageaient la défaite pour ensuite tout donner et se lâcher. Mais, en attendant, partagez-moi en commentaire votre manière d’aborder les choses et dites-moi si vous avez déjà tenté d’appliquer cette méthode.