Un Angevin préparateur mental des sportifs

 

 

 

 

photo camille le joly, première athlète à avoir travaillé avec raphaël homat avant son titre de championne de france, en 2013. © archives ouest-france

Camille Le Joly, première athlète à avoir travaillé avec Raphaël Homat avant son titre de championne de France, en 2013.© Archives Ouest-France

 

 

Portrait. Préparateur mental, Raphaël Homat a déjà travaillé avec une vingtaine de sportifs pour améliorer leurs performances. Un domaine en plein essor, parfois méconnu et dénigré.

Il a le regard droit et le sourire large. La poignée de main est franche, les mots mesurés, déposés. Raphaël Homat, 36 ans, est professeur de sport à l'Agrocampus d'Angers. Surtout, il est préparateur mental de sportifs de haut niveau. Comprendre : il aide les athlètes à améliorer leurs performances en augmentant leur habileté mentale. « Ça paraît évident, mais je me suis vite rendu compte que le mental avait une incidence directe sur la performance. Alors je me suis formé. » Un Master en Staps (sports), avant de passer des diplômes « sport et performance », puis « préparation mentale et psychologique du sport », à Lille. Une fois diplômé, son nouveau métier débute.

Tout s'accélère en 2012. Il rencontre un agent de joueur de football. L'agent est emballé par la préparation mentale et le met en relation avec son joueur. Depuis ce jour, Raphaël Homat a travaillé avec une douzaine de footballeurs professionnels. Un bouche-à-oreille qui se fait entre agents, presque en catimini. Seul le footballeur Dennis Appiah, à Caen (Ligue 1) l'an passé, reconnaît avoir fait appel aux services de l'Angevin pour améliorer ses performances.

 

« Ce n'est pas une honte de faire de la prépa mentale »

 

S'il n'y a qu'un footballeur à avoir brisé le silence, c'est que la « prépa mentale » a parfois mauvaise réputation. « Il y a de la méfiance. Pour certains, c'est un aveu de faiblesse de travailler son mental. Mais je ne fais pas de psychologie ou de bourrage de crâne. J'aide juste les sportifs à bien se sentir dans leurs baskets, insiste Raphaël Homat. C'est plutôt une marque d'intelligence, de demander de l'aide sur cet aspect de la performance. »

 

Même si certains clubs professionnels louent son travail, la plupart rejettent l'idée d'une collaboration. « On me dit souvent : C'est super intéressant, mais c'est trop tôt pour nous, regrette l'Angevin. Sur l'aspect technique, tactique ou physique, les joueurs s'entraînent énormément et sont au top. Au niveau mental en revanche, il y a souvent une marge de progression. »

 

Outre les footballeurs, Raphaël Homat a travaillé avec un rugbyman, des sportifs amateurs et Camille Le Joly, Angevine championne de France d'Heptathlon. C'est même la première athlète avec qui il a travaillé. « Au début, je trouvais ça bizarre. Je ne savais pas trop ce que c'était, j'ai mis du temps à franchir le pas, se rappelle Camille Le Joly. Pour travailler, on expose des situations dans lesquelles on sent qu'on bloque, comme une course d'élan par exemple, et le préparateur nous donne les outils. L'année où j'ai travaillé avec Raphaël, j'ai été championne de France. Je pense que l'apport de la préparation est loin d'être anodin. »

 

Pour travailler cet aspect plus cérébral, Raphaël Homat a une panoplie de techniques, de méthodes. Imagerie mentale, relaxation, méditation de pleine conscience... le champ des possibles semble infini. « Les sportifs sont vraiment différents entre eux. Chez certains, les émotions peuvent être un moteur, prévient-il. Même si ça reste un métier de l'ombre, où l'on ne voit pas mon travail, je demande au joueur de penser à nos séances quand il est en match et qu'il sent un besoin. S'il est plus performant quand il est révolté, il faut qu'il se crée un sentiment d'injustice, un souvenir pour le reproduire. » Une madeleine de Proust factice qu'on goûterait à l'infini et à l'envie.

 

Alvin KOUALEF.   Ouest-France