L'entrepreneur : un sportif comme un autre ?
Pendant neuf ans, j’ai été professeur en école d’ingénieurs. Pendant une bonne partie de cette période, j’ai également été membre actif de l’APSCGE (activités physiques et sportives de la conférence des grandes écoles), notamment en charge de la commission préparation mentale.
Pendant ces neuf ans, j’ai côtoyé plusieurs milliers d’élèves ingénieurs et d’étudiants, de très nombreux enseignants et également des entrepreneurs.
Aujourd’hui, retiré d’un poste à plein temps de l’enseignement (je garde la responsabilité pédagogique du diplôme universitaire de préparation mentale l’université de Poitiers), je côtoie très régulièrement des entrepreneurs. Cela peut se faire dans le cadre de formations, d’accompagnements individuels, de conférences, tables rondes… (comme ici avec David Butet président du MEDEF Côte d’Or).
Très souvent, je fais le même constat. Que ce soit dans le cadre de la formation supérieure ou de la vie active, nous semblons très forts pour développer des hard skills, être à la pointe de certaines connaissances très spécifiques. Dans le même temps, les soft skills ne sont pas travaillées, très peu questionnées… comme si nous étions au stade du « inconsciemment incompétent », je ne sais pas que je ne sais pas !
T'es plutôt Hard ou Soft ?
Il m’arrive encore d’être étonné (mais de moins en moins) par les propos que j’entends parfois quand je nomme une de mes fonctions : préparateur mental.
J’entends alors régulièrement des entrepreneurs, des cadres, me dire : « ah oui ça doit être très utile pour les sportifs » ou encore « c’est pour les sportifs de haut niveau », plus rarement, une fois que l’on m’a questionné davantage sur mes principaux clients sportifs, il m’arrive d’entendre « en les écoutant parler je me dis que les footballeurs professionnels en ont bien besoin ! »
Naturellement, nous avons tendance à caricaturer le monde, à le simplifier. Il y aurait « eux » (les sportifs de haut niveau) face à « nous » (les entrepreneurs, managers, cadres). En adoptant cette vision du monde, ces deux univers bien cloisonnés auraient chacun leur recette de la performance.
De plus en plus de sportifs ont pris conscience de l’importance de travailler leurs états internes afin de performer, d’exprimer au mieux leur potentiel tout en réduisant au maximum leurs interférences (Performance = potentiel – interférences comme le dit Gallwey). Que ce soit le travail autour des croyances limitantes, de la confiance en soi, de la fixation d’objectifs, du discours interne, etc. nombreux sont les sportifs qui ont intégré que ces éléments internes (nous pourrions dire la partie immergée de l’iceberg) impacte directement les comportements visibles, la performance réalisée (la partie émergée de l’iceberg).
Quelques exemples issus du monde sportif
Dennis Appiah, défenseur du FC Nantes, passé par Anderlecht, Caen et Monaco a dit à plusieurs reprises que son travail en préparation mentale impactait sa performance.
Jeff Reine-Adélaïde est actuellement le transfert le plus élevé de l'Olympique Lyonnais. Nous avons travaillé la saison précédant son transfert.
Élise Eeckman dit après ses podiums internationaux : " Un grand merci à Raphaël pour m’avoir aidé à atteindre mes objectifs, et permis d’arriver là où je n’avais jamais réussi à aller auparavant. Je suis intimement convaincue que la préparation mentale devrait être une constituante majeure de la préparation générale des sportifs de haut niveau et des compétiteurs."
Je n'ai absolument pas appris à ces athlètes à mieux jouer au football ou faire du taekwondo (j'en suis totalement incapable ! ). Nous avons travaillé sur leurs états internes.
Le monde de l’entreprise gagnerait aussi à s’intéresser davantage aux états et processus internes des individus (pensées, émotions, valeurs, croyances…)
A quel moment s'entraine un entrepreneur ?
Un autre élément semble différenciant entre les deux univers présentés dans cet article : le temps d’entraînement.
Les sportifs de haut niveau passent la majeure partie de leur temps à s’entraîner. De quelle manière les entrepreneurs peuvent-ils s’en inspirer ? Mon propos n’est surtout pas le dire qu’il faudrait s’entraîner du lundi au jeudi et tenter de performer uniquement le vendredi. Sur une année, un semestre, n’est-il pas possible de prévoir 5,10, 15 % de son temps pour s’entraîner ? Pour acquérir de nouvelles compétences (en lien avec les soft skills)? Je suis convaincu que cela aurait un impact positif sur le bien-être, l’efficience et la productivité des individus. C’est un très bon moyen de gérer ses ressources humaines et d’être dans une notion de développement durable intra et interpersonnelle.
En tout cas c'est ce que j'ai constaté sur le terrain... et dans les bureaux ! :)
Quand commences-tu ?
Je crois sincèrement que l’enjeu n’est plus de savoir s’il est « bien ou pas » de faire de la préparation mentale. Quelle que soit la formule choisie, nous avons tous intérêts à prendre en considération et à développer nos états internes. Ils impactent directement notre environnement et nos comportements, nos interactions et nos « intraactions » (on a le droit d’inventer des mots quand on écrit un article, non ? ;) )
J’ai eu la chance en décembre dernier d’accompagner pendant deux jours un petit groupe d’entrepreneurs / d’entreprenants à travailler sur leurs croyances limitantes. Il y eut pendant ces deux jours de belles prises de conscience, des moments « magiques » et impactant dans la vie professionnelle et personnelle des personnes présentes.
J’ai décidé de reproduire cette formule sur deux jours. Pour plus d’informations et découvrir ce qu’en ont pensé les premiers participants, il suffit de suivre ce lien.
Le débat et les invitations sont lancés ! ;)